Qu’on soit fauché comme les blés ou plein aux as, au crépuscule ou en pleine canicule, la mer du Nord est toujours une bonne i(o)dée. Alors on saute dans un train à destination d’Ostende pour 48 heures qui valent le coup d’œil et de fourchette.
THERMAE PALACE
Exhibant dignement sa silhouette adossée aux galeries royales d’Ostende, le Thermae Palace offre une vue plongeante sur la plage, à 500 mètres du centre-ville. Un nom qui en dit long sur son passé d’institut thermal, construit sous l’impulsion de Léopold II et doublé d’un hôtel de style Art déco inauguré en 1933 par le roi Albert Ier et la reine Elisabeth. S’il n’est plus possible d’y suivre une cure thermale depuis le début des années 80, l’hôtel a résisté aux affres du temps grâce à plusieurs vagues de rénovation au point de devenir un véritable atout touristique. Ouverte à tous, La Brasserie Albert propose les classiques, mais toujours très sollicitées, moules et croquettes de crevettes dans une atmosphère nostalgie (anciennes affiches publicitaires, hauts plafonds, moulures et miroirs imposants) ou en terrasse sur la digue. Entre 14h30 et 18h, on y savoure une carte et des prix réduits (croques, gaufres, fish & chips…). Changement de décor aux étages dans les 130 chambres modernes et teintées de minimalisme qui procurent un sentiment de luxe décontract’. On peut aussi y louer des salles de styles et de tailles différentes pour des événements business ou familiaux. Un hôtel balèze où passer un moment privilège.
BAR BRISTOL
« À la maison, on aimait recevoir, discuter, manger » – Charlotte
Elle, c’est Charlotte Arena, née à Soignies, en Wallonie, d’un papa sicilien et d’une maman flamande, et joaillière de formation. Lui, c’est Bruce Lybeer, gantois de souche qui a fait des études en hôtellerie, puis en sinologie. Ensemble, ils s’installent à Ostende pour le surf, la vie tranquille, et le côté urbain de cette ville côtière. En 2021, ils y reprennent le Bar Bristol, situé sur une petite place, dans un coin un peu reculé de la digue, pour en faire un endroit éclectique à coups d’objets chinés, parfois puisés dans leur propre intérieur. Comptoir bleu pétrole, banquette chaleureuse, chaises en rotin et assiettes vintage Villeroy & Boch composent une déco ludique qui fait qu’on s’y sent bien. Et une cuisine nonchalante mais surtout créative qui fait qu’on y mange bien, et autre chose que dans la plupart des établissements d’Ostende (Leffe-fromages-olives). Ce jour-là, huîtres au granité de rhubarbe, poivrons de Padrón grillés à la vinaigrette ponzu-spiruline, tartelette crème de courgettes, coques et amandes, crêpe japonaise okonomiyaki au chou blanc et mayo, aile de raie aux câpres et sauce à base d’asperges fermentées. Le tout arrosé de vins nature qui mettent du baume au cœur et à la bouche. « Je n’ai pas la prétention de dire que je suis sommelière. J’achète les vins que j’apprécie. Goûte, et si tu n’aimes pas, je te donne autre chose », lâche Charlotte. Un lieu qui grandit et évolue chaque jour avec leur personnalité « parce qu’on ne peut pas aller contre nature », mais qui reste attaché au passé. Comme ce petit garçon illustré sur le menu, en clin d’œil à l’école IBIS fondée en 1906 à Ostende pour recueillir, éduquer et instruire les orphelins de pêcheurs afin de perpétuer à travers eux le métier de leurs ancêtres. Si « Bristol » est repris dans le nom de nombreux établissements entre Knokke et La Panne, le Bar Bristol est un lieu unique et identitaire au bon goût de reviens-y.
AMY MARY
Derrière ce glacier d’un nouveau genre ne se cachent pas Amélie et Marylin qui ont turbiné une année durant pour obtenir la crème de la crème (glacée). Du cornet au bon beurre aux boules twistées au goût du jour, tout est fait maison à partir d’ingrédients soigneusement castés (lait frais de pâturage, crème entière, gousses de vanille Fairtrade et fruits de qualité chez des producteurs locaux). Au menu d’Amy Mary : des parfums signature, des saveurs de saison et des éditions limitées à léchouiller dans un décor aux couleurs pop, comme cette vanille à la confiture de framboise ou cette tarte citron meringuée complètement givrée. Au (bon) goût qui est leur priorité, les filles ajoutent une texture onctueuse, soyeuse, sans additifs. À en perdre la boule.
BAR LAFAYETTE
Des embruns au café brun, il n’y a qu’un pas, et un verre, à siroter en terrasse ou dans l’ambiance feutrée de ce bar sur lequel plane l’ombre de Marvin Gaye. Lequel débarque à Ostende en 1981 au bout du rouleau (drogues, alcool, dettes, divorce) et y compose son torride Sexual Healing. Au Lafayette Music Bar, il est partout. Dans la décoration à travers les portraits de lui en noir et blanc accrochés aux murs. Dans la playlist qui fait la part belle au soul, jazz, funk… L’escale à ne pas manquer pour commencer, ou prolonger la soirée.
MU.ZEE
Seul spot au monde dédié à l’art moderne et contemporain en Belgique de 1880 à nos jours, le Mu.ZEE réunit une collection permanente de plus de 8 000 œuvres (de Spilliaert à Marthe Wéry en passant par Frits Van den Berghe. Jusqu’au 5 novembre, le Mu.ZEE rend hommage à Anna Boch (1848-1936), peintre et mécène, à travers l’expo « Anna Boch, un voyage impressionniste ». Issue d’un milieu aisé, sa famille possédant la Manufacture Boch Frères Keramis à La Louvière, Anna Boch est connue pour être du genre progressiste. Elle possédait sa propre voiture, bougeait beaucoup et souvent seule, ce qui était tout sauf évident pour une femme à l’époque. Les paysages marins, la nature et les voyages occupent une place de choix dans ses tableaux. Elle avait du flair pour dénicher de jeunes talents et collectionnait aussi les œuvres d’art, principalement celles de Paul Gauguin, Paul Signac et Vincent van Gogh, ami de son frère Eugène également peintre à Paris. Une femme impression… nante.
MAISON JAMES ENSOR
Bienvenue chez James Ensor, dans sa maison, où vagabonder dans l’esprit de l’artiste. Un lieu transformé en espace interactif où donner vie à ses tableaux, farfouiller parmi ses objets d’intérieur et ses masques de carnaval, fouiner dans ses courriers et ses photos, et surtout découvrir son authentique lieu de vie et atelier où il a vécu jusqu’à son décès en 1949.